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Libération
Critique

Dans la seringue de Braverman.

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Par une poète d'origine, un récit envapé sur le monde de la drogue, sans glamour ni exotisme.
publié le 18 mai 2006 à 21h16

«Ecrire, c'est comme le crime. La page, ce qu'on peut risquer et s'en tirer quand même. On entre par effraction, on transgresse, on autopsie les vivants comme les morts, on vole, on change d'identité, on ment, on se confesse. La fiction, c'est une forme de fraude.»

Ainsi parle Kate Braverman, dans une récente interview sur bookslut.com. Vous voilà prévenus sur la véracité des infos glanées ici et là, ou à longueur d'entretiens qu'elle n'aura pas manqué de donner à Paris. Il aura fallu vingt-cinq ans à ce vétéran de l'obscurité pour enfin voir son premier roman traduit en français (il n'y a pas de féminin à vétéran, chose à laquelle cette féministe trouverait sans doute à redire). Lithium pour Médée est publié par un nouvel éditeur, Quidam, dont la devise est : «L'insolite, le singulier. Des auteurs, plutôt que des livres.» On se sentirait justifié de mettre ainsi plus l'auteur que le roman sur le tapis, si Lithium n'était un livre si marquant, encore que problématique. C'est aussi, quoi qu'elle en dise, le seul de ses quatre romans à être aussi frappant.

Car il y a un roman quelque part dans ces 275 pages. Il y a assurément un personnage, celui de la mère Teflon, Francine, survivante de trente-six calamités, le genre à faire ses visites d'hôpital en jupe de tennis. Son mari, un turfiste et cancéreux récidiviste, ressemble à un homard avec tous les fils et tubes qui lui sortent de la gorge.

L'héroïne, Rose, se pique à la coke, et aime ça («mon monde à l'intérieur d'un monde de f