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Libération

L' amitié des ours.

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publié le 18 mai 2006 à 21h16

L'ours est-il un loup pour l'homme ou est-il au contraire son meilleur ami ? Comme il y a des romans d'amour, il en est d'amitié, et le Pavé de l'ours en est un. Toshiyuki Horie, professeur de littérature française à l'université Meiji de Tokyo, est né en 1964. Son narrateur aussi est un Japonais connaisseur de littérature française et qui va retrouver son ami Yann en Normandie. Un ours apparaît à trois reprises particulières dans le récit. Dans les toutes premières pages, d'abord, dont le ton est plus dramatique. Le narrateur semble fuir sur une montagne et en atteint enfin le sommet où il devrait être en sûreté. «Haletant, j'abaissai les yeux vers l'étendue herbeuse qui, si peu de temps auparavant, m'était apparue comme un véritable Eden : le tendre chemin noir s'était hérissé de protubérances laissant la place à un amas de roches aiguisé et même, en regardant mieux, n'était-ce pas un nombre effarant d'ours que je voyais là, debout sur leurs pattes arrières, se déplaçant en rangs serrés tel un long ruban vers les profondeurs de la montagne ? Quoi ? Avais-je couru comme un dératé sur de la fourrure imbibée de bitume et parsemée de pointes rigides ?» Dès la troisième page, le héros aux dents cariées est réveillé de ce cauchemar.

Quand Yann parle de sa voisine Catherine, mère d'un enfant aveugle, il montre aussi une photo du gamin avec la peluche que sa mère lui a fabriquée, un ours dont les yeux sont fermés par un X. «Un ours aveugle dormant avec un enfant aveugle : voilà cet