En mai 2006, à l'occasion de la publication de ses oeuvres complètes, Libération rencontrait l'auteur Michel Butor, décédé à l'âge de 89 ans le 24 août 2016. Nous republions aujourd'hui cet entretien.
Pourquoi avoir un site Internet ?
Je l'ai ouvert il y a quatre ou cinq ans. Je voulais le renouveler, l'alimenter, mais j'ai un peu de mal avec l'Internet, je suis un homme du XXe siècle, avec le XXIe j'ai des difficultés. Tout de même, j'ai trouvé que c'était très intéressant comme mode de publication. Les lecteurs d'Internet sont, je crois, spécialement aptes à me lire. Je n'ai pas continué à m'en occuper, avant tout à cause de l'existence de cet énorme site qu'est le Dictionnaire Michel Butor fait par Henri Desoubeaux (1).
En quoi les internautes sont-ils de bons lecteurs pour votre oeuvre ?
Ils ont une façon de lire qui n'est pas tout à fait celle du XIXe ou du XXe siècle. Ils fouillent. Ils surfent. Mes textes aussi vont chercher des références un peu dans tous les coins. On peut les explorer de cette façon. Et puis les lecteurs de l'Internet cherchent des informations au-delà des frontières. Mes textes sont voyageurs.
L'idée de zapping est importante. Pour un de mes livres, Gyroscope, j'ai utilisé un format à l'italienne, horizontal, plus large que haut, qui rappelle l'écran d'une télévision ou d'un moniteur. Dans ce livre, il y a quatre colonne