C'est vrai, quoi. Si à le retenir on risque «vertiges, coliques, spasmes, hydropisie» et météorisme, on ne voit pas pourquoi on ne lâcherait pas «au grand air», en tout lieu et devant quiconque, ce vent qui «torturait prodigieusement le ventre». De même, pour quelle raison hésiterait-on à «décharger sa vessie sur-le-champ, au milieu de la rue» ? Par crainte d'être vu par «une jeune fille prude» qui, du spectacle, s'offusquerait ? Sans doute, mais il ne faut pas «abandonner l'ouvrage pour autant» : «Se soucier de la pudeur, c'est important ; mais il est plus important de se soucier de sa santé.» Au fond, tout cela est simple, rustique, naturel et on ne sache pas que mère nature ait disposé jamais les choses de façon si mauvaise qu'on ne gagnerait point à les imiter ! Pétons et rotons, donc ! Car si le savoir-vivre doit s'acquérir, c'est qu'il est inné de vivre selon ses penchants et ses instincts. Se lâcher est aisé, quand se tenir exige effort. Etre poli, courtois ou raffiné n'est pas état d'origine mais résultat d'un polissage : élégant et bien élevé, on le devient, alors qu'on est d'emblée grossier, malpoli, rustre et rustaud.
C'est pourquoi existent depuis toujours des manuels pour apprendre les belles manières et les politesses. Le grand Erasme de Rotterdam en publia un fameux en 1530, le traité de la Civilité puérile (De civilitate morum puerilium). Dix-neuf ans après entre-temps Rabelais écrivait Pantagruel un humaniste moins connu, Friedrich Dedekind, apportait a