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Libération
Critique

Debord à ras bord

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Un volume d'oeuvres et une kyrielle de témoignages d'amis et d'ennemis du pape de l'I.S. et de l'excommunication.
publié le 25 mai 2006 à 21h20

La reparution des textes de Guy Debord en une seule main, à un prix abordable et dans une édition soignée, permettra à ceux qui se ruent sur les sites Internet qui lui sont consacrés, d'avoir ses textes de référence sur papier (1). S'ils ne cherchent pas à transformer leur auteur favori en icône, ils s'épargneront la préface de Vincent Kaufmann. On sait ce que valent les thuriféraires officiels. Kaufmann ne dépare pas du lot. Il est dommage qu'une pensée qui se veut si critique inspire des textes aussi serviles. Et pourtant les sujets d'interrogations sur l'auteur de Panégyrique ne manquent pas. Quand ils sont évoqués ici (les exclusions assorties d'insultes dans l'Internationale situationniste, sa systématique «historiographie de lui-même»), ils sont passés purement et simplement au bénéfice du maître. Pourtant un esprit un tantinet impertinent trouverait de quoi se poser des questions. Par exemple sur cette réécriture permanente de sa propre histoire, autojustification injuste avec les autres, sans distance, sans humour et complaisante envers lui-même. D'autres sujets (la récupération publicitaire de Debord, le peu de nouveauté de la Société du spectacle, son texte le plus connu, la hargne de Debord envers ceux qui l'ont précédé, comme Castoriadis ou Lefebvre) ne sont pas même affrontés.

Pour les bémols, il faudra aller pêcher ailleurs. Cité Champagne esc. i, appt 289, 95-Argenteuil, mémoires de Gérard Guégan sont le revers de l'oeuvre de Debord. C'est en effet avec la même