Frédéric Léal offre depuis six ans des livres implosés. Ça commence par s'apprécier d'un regard méfiant, puis ça appelle la lecture et ça fonctionne vite pleinement. En quelques lignes, on est entré dans un univers verbal, un montage fictionnel, un mixage inédit des contraintes minimales du récit : des personnages sont là, qui parlent, agissent, racontent. Un trou sous la brèche est probablement son roman le plus classique. L'argument est simple : une randonnée en montagne. Dans Selva, il racontait ses aventures dans la jungle, du temps qu'il faisait son service comme médecin militaire dans la Légion étrangère : serpents à volonté et bière venimeuse. Ici, il s'agit d'une ascension dans les Pyrénées au lieu-dit le mont Perdu (3 355 mètres) : approches, bivouacs, cordées. Un garçon de vingt ans, Fred, a projeté cette expédition pour rompre avec le quotidien nullissime des petits boulots. Son oncle s'est joint à lui, plutôt beckettien, aphasique après une embolie cérébrale. Il a trompé la vigilance de son épouse pour participer à une expédition qu'il imagine salvatrice. Son propre père a été l'un des organisateurs des Brigades internationales pendant la guerre d'Espagne. La traversée des Pyrénées a la valeur d'un engagement: pèlerinage sur les traces d'un passeur. Le livre est construit sur des allers-retours entre présent et passé. Un présent quasi initiatique pour Fred qui, comme Jacques chez Diderot, raconte ses amours. A savoir comment il a été dépucelé dans une tente grand
Critique
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publié le 25 mai 2006 à 21h20
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