D'emblée, la notoriété du sociologue a attiré l'attention sur cet ouvrage, aussitôt rebaptisé le «nouveau» ou le «dernier» Touraine. La formulation met davantage l'accent sur l'auteur et ses théories que sur l'étude du «monde des femmes» dans la France du début du XXIe siècle. La lecture renforce l'impression première : plus que la parole des femmes, réduite à quelques citations, sont exposées les interrogations, au demeurant fort intéressantes, du chercheur sur son cheminement intellectuel, sur la finalité de ce livre. Touraine émet réserves et critiques sur les concepts à l'oeuvre dans l'analyse des rapports de sexes : l'essentialisme, le différentialisme, l'universalisme, le genre, la guerre des sexes, la domination masculine... Ce passage au crible stimule la réflexion du lecteur et bouscule ses certitudes. L'auteur s'attaque surtout aux fondements de la construction de l'identité féminine : l'enquête, menée collectivement auprès de femmes, met en exergue que celles-ci se définissent d'abord comme femme, mot par lequel il faut entendre la réalisation de soi, obtenue par la sexualité. Cette affirmation de l'être femme paraît révolutionnaire au sociologue ; elle signifie que les femmes ont cessé de se définir comme épouse et mère, mais surtout comme victime, pour s'affirmer en sujet autonome, construit sur l'épanouissement personnel. Cette position, qui n'est en rien de l'individualisme, est caractéristique, à en croire le sociologue, des femmes du post-féminisme ; elle tr
Critique
Le sujet féminin
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par Yannick Ripa
publié le 25 mai 2006 à 21h20
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