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Libération

Point de vue d'uchroniqueur

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L'incursion de Philip Roth dans un monde qui n'est pas son genre.
publié le 25 mai 2006 à 21h20

«Orwell a conçu une dystopie, moi une uchronie», a écrit Philip Roth dans la New York Times Book Review (voir ci-contre). Ce n'est pas le genre d'information que les lecteurs de Roth trouvent normalement palpitante, mais cet aspect du Complot contre l'Amérique n'a évidemment pas échappé aux spécialistes du genre. Le Complot... a ainsi été chroniqué sur des sites spécialisés. Carlos Aranaga (www.scifidimensions. com) l'a trouvé très bien : «Le Complot... est un grand drame humain, qui nous rappelle, de manière appropriée qu'il faut être vigilant contre l'intolérance», il y voit de la «véracité» et comprend «pourquoi Roth a eu le Pulitzer et est un des romanciers les plus appréciés en Amérique». Steven H. Silver (www.sfsite.com) est moins enthousiaste : «Il est clair, écrit-il, que Roth n'a pas une grande familiarité avec l' "histoire alternative" [ndlr : autre nom de l'uchronie], cependant ses capacités de romancier compensent une bonne partie de son inexpérience dans ce genre littéraire. En dépit d'une fin médiocre, le Complot... est un roman bien écrit qui, quoi qu'en dise son auteur, est porteur d'un message très direct pour l'Amérique contemporaine.»

Cet enthousiasme modéré du pape de la critique uchronique n'a pas empêché le Complot contre l'Amérique de remporter, en 2004, le Sidewise Awards for Alternate History. Dans le Complot contre l'Amérique, le point de divergence est donc l'élection, en 1940, de Charles Lindbergh, héros de l'aviation et grand admirateur de Hitler,