Au moment où son roman est sorti aux Etats-Unis, Philip Roth a publié le 19 septembre 2004, dans la New York Times Book Review, un article intitulé «L’histoire du Complot contre l’Amérique». Il y écrivait notamment : «Certains voudront lire ce livre comme un roman à clé sur l’Amérique actuelle. Ils auront tort.» Ça n’a pas empêché beaucoup de monde de penser que c’était effectivement un roman sur l’Amérique actuelle, à tort donc, mais ce qui est sûr, c’est que le Complot contre l’Amérique est un roman sur la démocratie américaine, c’est même une déclaration d’amour, étonnamment émouvante, pour la démocratie américaine. Le Complot… est en même temps un des plus autobiographiques des romans de Roth, c’est une autre des idées qu’il développe dans cet article.
Post-Scriptum
Le Complot… est très atypique dans l’œuvre de Philip Roth. D’abord, c’est une uchronie, un genre littéraire habituellement rattaché à la science-fiction, que les Américains appellent aussi «what if stories», et dont le procédé tient en une question : «Et si les choses s’étaient passées autrement ?» Ici, le «point de divergence», comme disent les spécialistes, est l’élection présidentielle de 1940. Que se serait-il passé si l’aviateur Charles Lindbergh avait été élu à la place de Franklin Delano Roosevelt ? Autre élément atypique : Philip Roth fait suivre le roman proprement dit d’un «Post-Scriptum», un document d’une quarantaine de pages où il donne ses source