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Libération

Baiser volée

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publié le 1er juin 2006 à 21h39

Le livre de Johnette Howard excède largement la rivalité, qui fut une amitié, entre Chris Evert et Martina Navratilova. C'est que cette lutte se passe dans un décor qui prend une importance considérable, à savoir le monde de derrière le rideau de fer, la lutte des mouvements de libération homosexuelle et l'arrivée au premier plan commercial du sport féminin. Les deux tenniswomen, pendant une grande décennie, dominèrent leur sport comme personne : de 1975 à 1986, ce fut toujours l'une ou l'autre qui finit l'année à la première place mondiale et elles remportèrent trente-six titres du grand chelem, dix-huit chacune. Mais une anecdote montre la spécificité de l'itinéraire de Martina Navratilova. En 1974 (elle est née en 1956, sa rivale en 1954), la joueuse tchécoslovaque est autorisée à aller aux Etats-Unis où elle découvre les hamburgers et les glaces au mépris de toute diététique et gagne son premier tournoi professionnel. Une photo montre l'adolescente réjouie, non pas grimpant dans les tribunes pour se jeter dans les bras de ses proches, mais en train d'enlacer un poteau placé sur le court, parce que, expliquera-t-elle, elle ne connaissait personne et n'avait donc personne à embrasser. Martina Navratilova dira aussi combien elle aime le double, parce qu'«on a toujours quelqu'un à embrasser».

A la fin des années 60, le circuit du tennis féminin n'existe pas. C'est Billie Jean King, grande joueuse américaine de l'époque, qui en sera la véritable créatrice, se heurtant à la mis