Laure Limongi, 30 ans, donne de la voix, et de la sienne, pas d'une autre. Fonction Elvis, crânement sous-titré «roman», est une épopée analytique et névralgique sur la figure du King, portée par un souffle émouvant, assez différente des oeuvres qu'on lui connaissait jusqu'ici. A savoir : un des blogs les plus intéressants du moment (1), redéfinissant le genre en une machine créative (et rhizomatique, forcément rhizomatique), un duo avec Thomas Lélu, un livre de mort et d'asyndète avec Mannix à coups de hache (Eros Peccadille, chez Al Dante) et (aux mêmes éditions) Je ne sais rien d'un homme quand il s'appelle Jacques, superbe constellation «où Glenn Gould serait le nom d'un acteur porno». Laure Limongi est aussi une grande lectrice, à l'affût d'écritures neuves pour la Revue littéraire.
Ici, point de parataxe, juste quatre-vingts petites pages tournées au millimètre près, en phrases coudées et piégées : «Je sommes Elvis qui bouffe à en crever. Les fans suivent. Le monde est rond comme un donnut. Et l'Amérique est le trop. L'Amérique est l'opulence et tous ses possibles. Pourquoi ne pas l'incarner ? Pourquoi ne pas l'incarner démesurément ?» Elvis Presley, c'est une «fonction» pour l'Amérique et le monde, une sorte de vecteur vide, et qui n'est pas forcément mort en 1977. Voyez comme cette page parle encore de nous, depuis que nous sommes sages comme des images, bercés trop près des écoles de commerce et de la Star Academy : «L'image et une chose et l'être humain en est une a