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Libération
Critique

Epopée Barbie.

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Une Alice au pays des merveilles version texane où le sang coule à flots.
publié le 1er juin 2006 à 21h39

Le passage qui suit devrait donner une idée du sac de noeuds. «Alors je l'ai embrassée, mais ce n'était pas pareil qu'avec Dickens : ça ne me chatouillait pas dans le ventre. Alors je l'ai prise tout entière dans ma bouche et je l'ai sucée au bout de mon doigt en faisant comme si elle était une truite et moi une baleine. Sa peau avait un goût de savon, et ses cheveux de réglisse. J'ai failli m'étouffer alors je l'ai recrachée dans ma paume.

"Tu es répugnante."

Elle aurait dû pleurer, récriminer, mais non. Au lieu de ça, elle s'est mise à rire.

"C'était bien, ce que tu viens de faire ! Ça m'a beaucoup plu.

­ Tu es cinglée, je me suis dit. Plus folle que le vent."

Puis on a toutes les deux éclaté de rire.

"Tu es ma meilleure amie, j'ai fait.

­ Toi aussi.

­ Et je suis amoureuse de Dickens.

­ C'est le prince charmant. Le roi en personne.

­ C'est du jus de pomme et du beef-jerky (lanières de bison);

­ On forme une famille unie.

­ Exactement."»

On pourrait révéler que l'entité dans la bouche de Jelisa-Rose, l'héroïne de Tideland, est une tête de poupée Barbie, qu'elle porte généralement au bout de son doigt. Qu'elle en a cinq comme ça, quand elle ne les balance pas dans un terrier de lapin sans fond. Que Dickens le prince charmant est un grand haricot blanc comme un cachet qui porte des lunettes de natation en permanence. Ou que la dînette qu'est le roman de Mitch Cullin est une sorte d'Alice au Pays des merveilles version «gothique» texane. Sauf qu'il n'y a jamais eu de Carabosse portée sur l