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Libération

Petite pâte à pont

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publié le 1er juin 2006 à 21h39

Roulements de tambour s'il vous plaît : le Centre d'études canadiennes de l'université de Bordeaux-III organise en décembre un colloque sur le thème «Le pont : une métaphore du lien», et toutes les contributions sont les bienvenues pourvu qu'elles parviennent avant la fin septembre. Oui, vous avez bien lu : le pont, le lien, la métaphore. Fastoche. Qu'on nous apporte du papier, la dissert' est prête à jaillir.

Sauf qu'il va falloir réfléchir un peu quand même. Nous avons affaire ici à des spécialistes qui ne se contenteront pas de copies filant platement la métaphore de la main tendue entre deux rives. D'autant que le Centre d'études canadiennes semble extrêmement travaillé par la question du pont. Son appel à contributions avance cet étrange argument : «Au propre comme au figuré, le pont domine, écrasant de sa hauteur l'horizontalité du fleuve, tandis que la pérennité qu'il affiche rend plus instable encore la transitivité d'une eau dans laquelle nul ne se baigne deux fois.» Prenez le temps de vous imprégner de cette phrase avant de passer à la suite, ça serait dommage de passer à côté d'une si belle image.

Maintenant le cahier des charges : «Il s'agira d'étudier l'imaginaire contrasté d'un pont qui, factuel ou métaphorique, se révèle indissociable d'une ambiguïté aussi fascinante qu'inquiétante.» Le pont est ambigu, c'est un fait souvent occulté. L'eau coule et le pont reste : voilà l'embêtant. L'eau s'en va et nous restons sur le pont : ça nous rappelle que le temps passe e