Le 15 juin sera révélé à la France ébahie le «Mot de l'année». L'annonce sera faite depuis La Charité-sur-Loire, îlot de douceur nivernaise qui accueillera alors la deuxième édition du Festival du Mot. Nous avons eu l'honneur de faire partie du jury qui a délibéré le 31 mai honneur essentiellement dû au fait que ce journal est partenaire de la manifestation. Nous ne sommes pas autorisés à rendre public le résultat avant le jour J. Cependant, l'embargo ne semblant pas s'étendre aux débats du jury, nous dirons ici en quelles circonstances XXXXX est devenu le «mot de l'année».
D'entrée de jeu, Alain Rey, notre président, sortit de sa poche une liste de quinze mots dont la presse avait usé et abusé durant les mois précédents, puis en donna lecture d'une voix lasse. D'Abrogation à Promulgation en passant par Flexisécurité défilèrent tous les vocables gris qui ont résonné à l'unisson dans les journaux. Florence Muracciole, du Journal du dimanche, estima qu'il serait prudent d'éliminer d'emblée Respect, Ségolène Royal étrennant depuis peu ce nouveau slogan : «la République du Respect». C'est dire que d'ici peu, le mot aura autant d'épaisseur qu'une affiche de campagne.
L'humoriste Vincent Roca demanda s'il était possible qu'on ajoutât Désespoir à la liste, et rien dans sa mine n'indiquait qu'il s'agissait d'un trait d'esprit. Absent et apparemment excusé, Jean-Noël Jeanneney, patron de la BNF, avait fait savoir qu'il défendrait Tolérance (un impoli ne put s'empêcher d'exhiber sa pr