Que la Terre soit ronde, on ne l'a pas su tout de suite. Mais que Soleil et Lune le soient, ronds, on l'a vu assez vite. A s'en rendre maître, aucun peuple n'a jamais renoncé : tous c'est pourquoi il n'y a pas de société sans religion les ont divinisés et se sont résolus par des rites propitiatoires à les amadouer et à gagner leurs grâces ou leur protection. Il n'est pas insensé de penser que, pour leur rendre un culte, ils les aient figurés, et, avec de la terre ou de l'os, en aient fabriqué le simulacre, sous forme de disque ou de balle. On dit qu'en Bretagne ou en Normandie, avant la conquête romaine, les druides pratiquaient une danse ou un jeu avec un ballon fait d'une vessie remplie de son : le «seault» (soleil, sans doute) ou la «soule» (savate, probablement). Il fallait la frapper du poing ou du pied et, pour gagner, l'amener à un point défini. Manière pour le vainqueur de se rendre symboliquement maître des astres ? On peut naturellement ne rien en croire. Mais il n'est pas possible, dans une perspective anthropologique, de ne pas considérer, comme on le fait de l'outil quand on parle du travail, ce que le jeu, et en particulier le jeu de ballon, a fait de l'homme.
Qu'il s'y soit livré depuis les temps les plus reculés est attesté : au XIe siècle avant J.-C., on pratiquait au Japon le kemari, qui se jouait à 8 contre 8, et consistait à pousser du pied une balle en peau de daim pour l'expédier dans une surface délimitée par quatre arbres. Dans la Chine antique, ex