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Libération
Critique

Le bréviaire de Bremond.

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Réédition d'un classique de l'historiographie littéraire et religieuse.
publié le 15 juin 2006 à 21h27

Si l'on en juge par l'opération magistrale que viennent de réaliser les Editions Jérôme Millon, l'édition française en sciences humaines a encore de la ressource ! A l'heure où bien des éditeurs ne cherchent qu'à limiter les risques financiers en ne publiant que des valeurs sûres ou des essais portés par l'air du temps, voilà qu'une jeune maison greno-bloise, créée en 1985, d'une taille plutôt modeste, réédite somptueusement ce grand classique de l'historiographie qu'est l'ouvrage d'Henri Bremond. Une oeuvre considérable de près de 5 000 pages, enrichie de contributions des meilleurs spécialistes de l'histoire littéraire et religieuse du XVIIe siècle, dont Jacques Le Brun et Pierre-Antoine Fabre.

Henri Bremond est un historien atypique. Né en 1865 dans une famille de la bourgeoisie catholique, il entre chez les Jésuites dès l'âge de 17 ans où il suit le cycle de formation traditionnelle. Sa profonde vocation religieuse ne va pas sans des crises et des remises en question qui conduisent finalement à son expulsion de la Compagnie de Jésus, sans lui retirer cependant son statut de prêtre. Il est alors âgé de 39 ans. Peut-être en compensation d'un manque, il s'investit dans ce grand projet qui reste largement inachevé puisque seule la première moitié du XVIIe siècle est étudiée. Cela ne l'empêche pas de mener également une vie d'écrivain mondain, en partie motivée par le besoin d'argent, devenant un auteur connu du tout-Paris littéraire, de Cocteau à André Breton en passant par P