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Libération
Critique

Madame veuve Capet

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Une biographie empathique de Marie-Antoinette par Antonia Fraser.
publié le 22 juin 2006 à 21h32

Le titre original ajoute «The Journey». Antonia Fraser regrette qu'il n'y ait pas d'équivalent en français. Dans le mot anglais, à la notion de voyage se mêle l'idée de parcours, de destin. C'est sur un destin de femme que, pour son neuvième ouvrage, l'historienne britannique choisit à nouveau de se pencher. Sa première biographie, parue en 1969, avait pour sujet Marie Stuart, qui eut en commun avec Marie-Antoinette d'avoir été princesse étrangère, dauphine, reine de France et décapitée. «Toute femme qui ose lever la tête au-dessus du parapet se retrouve la tête coupée», sourit Antonia Fraser. Elle ne vient pas d'une famille où les femmes se contentent d'être reléguées au foyer. Elle est la fille d'Elizabeth Longford, qui, bien que mère de huit enfants, ne cessa d'étudier ­ elle publia une biographie de la reine Victoria ­ et de militer aussi. «Ma mère, se souvient-elle, n'était pas du genre à accompagner ses filles dans les boutiques pour choisir une robe. C'était une socialiste convaincue qui convertit mon père à la cause, comme lui l'avait convertie au catholicisme.» Son père, Frank Pakenham, comte de Longford, appartient à la noblesse anglo-irlandaise, à savoir d'origine anglaise et protestante ; «traître à sa classe» par sa double conversion, il participa au premier gouvernement travailliste d'après-guerre. La politique faisait partie de l'atmosphère familiale. «Lady» Antonia devait «trahir» à son tour en épousant un député conservateur, Hugh Fraser, avant de défrayer l