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Libération
Critique

Un after avec Noon

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publié le 22 juin 2006 à 21h32

Brighton, envoyé spécial

De prime abord, la silhouette furtive et le regard d’enfant triste de Jeff Noon paraissent incongrus parmi la somptuosité victorienne de Brighton, cette station balnéaire aujourd’hui très courue des bobos londoniens. La brise un peu fraîche, le bleu du ciel printanier n’expliquent pas davantage la présence, loin de Manchester qui l’a vu naître il y a presque cinquante ans et qui a fourni les décors travestis de la plupart de ses fictions, d’un être voué à la recréation subtile, quasi roussellienne, du monde réel. Il faudra le suivre à travers le dédale de l’ancien quartier des pêcheurs, voir son regard malicieux scruter les vitrines des boutiques de bric-à-brac, pour s’y retrouver un peu. Tapi derrière un verre d’eau gazeuse dans le lounge du Royal Albion Hotel, Jeff Noon s’épanche par petites phrases : «Brighton me plaît parce que c’est un lieu cosmopolite… Dans le Nord, j’ai travaillé dans une librairie tout en écrivant des pièces de théâtre, et ce sont d’ailleurs des amis libraires qui ont publié mon premier roman, Vurt, en 1993.» Vurt est le nom d’une drogue ultime ingérée par les protagonistes d’un récit qui aurait pu naître de la rencontre de Lewis Carroll et de William Burroughs. «J’ai toujours été un passionné de Borges et des romans de J.G. Ballard», précise-t-il pour délimiter l’espace mouvant, fantomatique, de son premier livre, qui, faute de mieux, lui vaut d’être catalogué «auteur de SF» et de se voir