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Libération
Critique

Aux jours d'Hui

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Des villages misérables où les traditions imposent leur austérité.
publié le 29 juin 2006 à 21h36

Dans les montagnes arides du nord-ouest de la Chine, loin des lumières de Shanghai et des grandes villes de la côte, des millions de musulmans chinois se sont forgés une culture austère et rude, à l'image de leur environnement. Les Hui du Ningxia sont de lointains descendants de commerçants perses et arabes venus par la Route de la soie, et imprégnés depuis des générations de culture chinoise : l'histoire et la géographie les ont isolés du monde, y compris, dans une large mesure, du reste de la Chine.

Il a fallu l'acharnement éditorial de Geneviève Imbot-Bichet, la fondatrice des éditions Bleu de Chine, pour faire sortir de ces montagnes enclavées trois nouvelles écrites par deux auteurs hui, qui rendent à merveille l'ambiance de ces villages misérables et de leurs traditions solidement enracinées. Li Jinxiang et Shi Shuqing, dont les nouvelles sont réunies sous le titre le Chagrin des pauvres, racontent un univers que le développement accéléré de la Chine n'a pas encore atteint.

Un monde dans lequel, raconte Shi Shuqing, lorsqu'une femme âgée meurt sans avoir remboursé une dette de cinq yuans (cinquante centimes d'euro), la créancière vit un drame personnel. «Elle est morte, la débitrice, comme ça, d'un seul coup, sans prévenir... et alors, que faire, comment faire pour cet argent ? [...] Cinq yuans ! Pour elle, ce n'est pas rien, loin de là. Elle n'a pas les moyens de se dire au-dessus de ça.»

Un monde, encore, où les hommes partent au loin gagner l'argent qu'une terre ingrat