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Libération
Critique

La coupe est Blaine.

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Les adieux à la performance d'un catalyseur d'art et de poésie.
publié le 29 juin 2006 à 21h37

N'importe quel être à peu près normalement déformé, lisant le titre Bye-bye la perf., comprendrait qu'un malade s'arrache sa perfusion, qui nous parle. Soit pour mourir, soit parce qu'il est guéri, ce qui peut dans certains cas revenir au même. En réalité, supposément, pour faire simple, la «perf.» dont il est ici question est la performance, pratique poétique vieille comme Dada, passée par les lettristes et Fluxus, mêlée de body art, mais où l'on prononce un texte tout de même. C'est un genre impur. Et Julien Blaine lui dit au revoir pour de multiples raisons : le trac toujours, après vingt-deux ans de scène, et, comme prétexte, son corps qui ne répond plus, dit-il, à 63 ans : «Il me sera impossible de travailler sur un sujet important, que je juge important, que j'estime important ­ et que le monde entier juge ridicule ou sans intérêt -, sauf toi, ì mon lecteur, en pesant 105 kilogrammes (moins quelques grammes) pour 1,85 mètre (moins quelques millimètres) et un bide insupportable.» Il décide donc de maigrir pour sa dernière tournée, en 2004-2005. Or, comme on le voit dans le DVD adjoint, à quelque chose corpulence est bonne, puisqu'il réussit maintenant à écraser d'un seul pied (nu) un ananas, en grommelant «a-na-nas» (il interpelle le fruit) dans le poème «Ecfruiture» : «l'écriture c'est le pied/ écrire comme un pied». Un gringalet se serait contenté de raisins et de bananes, c'est d'ailleurs le minimum prévu dans le scénario de cette perf.

On n'a sûrement pas beaucoup lu