La post-modernité semble condamner l'immédiat à s'effondrer sur lui-même sans laisser de trace, alors que l'historien est sommé de fonder notre mémoire vacillante. Assurément, la tâche est ardue puisque le passé ne prend son sens que s'il est ancré dans l'ici et le maintenant de l'histoire et des sociétés qui la sollicitent. D'autres cultures, pour ne pas dire toutes, se sont posé ces mêmes questions aboutissant à des réponses différentes, qui peuvent éclairer, tout en la relativisant, notre manière de les envisager. Dans Pratiques poétiques de la mémoire. Représentation de l'espace-temps en Grèce ancienne, Claude Calame propose l'un de ses détours. Le présent y affirme ses droits, le nôtre comme les présents du passé, et dont des dispositifs discursifs plus ou moins poétiques ont assuré l'avenir historique. Cependant l'historien parle toujours de l'intérieur d'une conjoncture, notamment universitaire, de sa discipline. Aussi les quatre approches qui composent ces Pratiques poétiques de la mémoire reviennent-elles, pour les discuter, sur les quatre paradigmes interprétatifs qui ont façonné les sciences humaines ce dernier demi-siècle : à savoir le structuralisme, les gender studies, la phénoménologie ou le néo-mysticisme. Après avoir été professeur de langue et de littérature grecques à l'université de Lausanne, Claude Calame est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris.
Concernant la Grèce ancienne comme d'ailleurs bon nombre d'autres socié