Menu
Libération

Enki Bilal "Mémoires d'outre-Espace" Trois cases à la loupe

Article réservé aux abonnés
par Enki BILAL
publié le 5 août 2006 à 22h52

Page 11, case 4

Il demeure peut-être quelque chose de la fresque socialiste dans les visions de Bilal. Les personnages ont souvent l'air d'être collés dans l'image comme autant de couches différentes, dans des couleurs à la fois ternes et pétantes. On apprécie l'équilibre massif de la composition, à peu près partagée en deux. D'un côté, les casques d'inspiration allemande et les armes au garde-à-vous. Une navette traverse le ciel où flottent les drapeaux. De l'autre, les officiels et les bulles de dialogue. Ils portent des lunettes qui, cachant leur regard, renforcent leur aspect inhumain.

Page 17, case 3

Un curé de l'espace cherche à récupérer un serviteur robot dont il a «formé la foi» et à qui il a «donné une âme». Tout le monde l'appelle «père» et, dans cette image, c'est l'éternelle désobéissance des ados qui se joue : Ernest est en train d'arpenter un monolithe réservé aux «immortels». Coup de génie de Bilal : présenter l'opposition des figures père-fils non pas de façon parallèle (en champ-contrechamp, par exemple) mais sur le mode perpendiculaire. Le «va te faire foutre» jeté à la verticale est du coup particulièrement savoureux. Père et fils ne sont littéralement pas dans la même dimension.

Page 49, case 4

VGE pédale jusqu'en Albanie pour voir si les Français, qui ont tous disparu, sont dans une clinique (ne demandez pas comment on en est arrivé là). Outre que Bilal s'amuse à