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La double vie des écrivains, «ces personnages héroïques»

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Ils sont enseignants, journalistes, psychiatres, agriculteurs... Et parallèlement, ils tentent de mener une vie d'écrivain. Bernard Lahire, professeur de sociologie, a mené l'enquête.
par Frédérique ROUSSEL
publié le 24 août 2006 à 7h00

Bernard Lahire, professeur de sociologie à l’Ecole normale supérieure et directeur du groupe de recherche sur la socialisation (CNRS), a mené une enquête sur la condition littéraire de ces hommes et femmes qui mènent une double vie professionnelle. Son étude,  qui sort en librairie le 31 août (1), a porté sur 503 auteurs, dont 98% ont une autre activité professionnelle.

Est-ce la première enquête sur la condition littéraire?
Des enquêtes sur le métier d'écrivain ont été réalisées, mais pas précisément sur la question de la double vie. Le sujet m'a été au départ proposé et je m'y suis progressivement intéressé. Au début, je ne voyais pas comment l'aborder de manière pertinente. J'ai commencé par relire les travaux de mes prédécesseurs, ceux de Bourdieu, Darnton, Viala, Vessillier ou plus récemment Heinich. Cette dernière a voulu traiter la question d'un point de vue identitaire, sans prendre en compte les propriétés sociales des écrivains. Or, on ne peut pas comprendre les écrivains (et notamment leurs représentations) si on ne les resitue pas dans leurs conditions d'existence, domestique et professionnelle notamment.

Comment définissez-vous l'écrivain?
Ce n'est pas au sociologue de trancher pour savoir qui est et qui n'est pas écrivain. J'ai donc élargi le plus possible la population enquêtée. Comme des collègues anglo-saxons, j'ai considéré comme écrivains ceux qui ont été publiés, y compris autoédités ou à compte d'auteur. C'est fina