Les révélations de Günter Grass sur son passé dans les Waffen-SS ont surpris l'opinion. Pourtant, son cas n'a rien d'exceptionnel : ce qui était vraiment extraordinaire à cette époque en Allemagne, c'était d'être dans la résistance, tandis que 9 millions de jeunes enthousiastes, embrigadés dans les Jeunesses hitlériennes, se battaient désespérément pour le «Reich de 1 000 ans».
En Italie, c'est toute une population, derrière des intellectuels tels que Pirandello, Moravia, Pavese, Rossellini et jusqu'au futur prix Nobel Dario Fo, qui, à des degrés divers, s'impliqua dans le fascisme. Depuis 1996, on sait également que le romancier Ignazio Silone, militant antifasciste de la première heure, aurait été, des années durant, un informateur de la police de Mussolini.
Grass et Silone : voilà deux personnages emblématiques de la gauche démocratique, dont le courage moral face aux dictatures de tout bord en a imposé à tous, et qu'on découvre à leur tour compromis, traînant tout au long de leur vie le remords, la honte, et peut-être la crainte d'être découverts. Finalement, au soir de sa vie, l'écrivain allemand a avoué, ce que l'Italien ne s'est jamais décidé à faire. L'un comme l'autre auront vécu l'essentiel de leur vie avec ce terrible secret. Pourquoi ?
Au-delà de la honte, de la difficulté à expliquer à distance et dans un contexte tellement différent des choix qui apparaissent, désormais, si invraisemblablement erronés, il faut également prendre en compte l'existence d'une