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Libération
Critique

Hôtel particulier

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Jacques Jouet dit les grandeurs et les décadences de la condition hôtelière.
publié le 31 août 2006 à 23h06

Le livre n'est pas mince, vingt-huit cahiers de seize pages (1), de quoi lire, et pourtant, un long moment, on se contente d'en méditer le titre, comme s'il était à lui seul un roman ouvert, à la discrétion inventive de chaque lecteur. On ne savait pas que l'amour s'enseigne dans les écoles hôtelières, alors qu'il suffit d'avoir fréquenté quelque peu les hôtels pour comprendre qu'à l'évidence, il y a matière. C'est un roman, un gros roman, qui commence, comme il se doit, par un avertissement qu'on croit rituel avant qu'il ne s'évade avec son dernier mot : «Toute ressemblance des personnages de ce roman avec des personnes existant, ayant existé ou existant dans le futur et le concret ne saurait être que le fruit de la potentialité.» «Potentialité» nous rappelle que Jacques Jouet est un membre éminent de l'Oulipo, Ouvroir de Littérature Potentielle, mais, dès la première phrase du récit, on l'oublie pour longtemps, jusqu'à l'épilogue où il faudra bien s'expliquer sur les fruits de cette potentialité : «Le deux février 1930, à six heures du matin, naquit Georges Romillat entre les cuisses de sa mère. Elle dira volontiers, sa vie durant, qu'il vint dès le début jouer entre ses jambes», ce ton de narration va nous tenir éveillés pendant quatre cents pages, quatre cents pages d'histoires humaines, drôles, parfois loufoques, grandeur et décadence du sentiment hôtelier sur deux générations. Romillat n'est pas le premier venu, on l'a croisé quelquefois dans d'autres liv