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Libération
Critique

Jospin quotidien

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Une sotie de Marcela Iacub sur le vécu du vaincu de 2002.
publié le 31 août 2006 à 23h06

Il est peu probable que Marcela Iacub apprécie Ségolène Royal ; mais elle ne paraît pas aimer davantage son concurrent Lionel Jospin. A-t-il lu l'essai d'imagination psychologique, ou plus exactement la cruelle sotie qu'elle lui consacre ? La confession publique de l'ancien Premier ministre, samedi, à l'université d'été du Parti socialiste, semble tirée de ce livre, Une journée dans la vie de Lionel Jospin ; et particulièrement cette phrase prononcée devant les militants : «Le défaut de la droite, c'est le cynisme ; la faiblesse de la gauche, c'est la mauvaise conscience.»

Jospin est sans doute de gauche, mais il n'a jamais eu cette faiblesse, c'est le moins qu'on puisse écrire. Comme naguère dans ses chroniques publiées dans Libération, la juriste se concentre, avec un sens aigu du paradoxe, sur son tango avec la morale et ses accès de bonne conscience : elle le vide comme un poisson de sa vertu. L'enfer de la bonne conscience existe et, après tant d'autres, Jospin selon Iacub l'a rencontré. Cet enfer est tartiné de pathétique, de ressentiment et de culpabilité. Il est inutile de mourir pour y accéder. Iacub s'est toujours promené dedans avec le seul bouclier qui permet d'en rire en le traversant : la mauvaise foi. La mauvaise foi a des vertus, de style par exemple : elle pousse à bout les conséquences des discours et des attitudes des autres ­ ici, de Jospin. Iacub est experte à ce jeu-là, experte jusqu'à la frivolité. Elle retourne la belle âme affiché