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Libération

Son nom est Petterson

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publié le 31 août 2006 à 23h06

«Début novembre. Il est neuf heures. Les mésanges viennent se cogner à la fenêtre. Un peu assommées, il leur arrive de reprendre leur vol, mais parfois elles tombent et se débattent un moment dans la neige fraîche avant de retrouver l'usage de leurs ailes. Je me demande ce qu'elles peuvent bien venir chercher chez moi. Je jette un regard par la fenêtre donnant sur la forêt. Près du lac il y a une lueur rouge au-dessus des arbres. Le vent se lève. Je vois la forme du vent sur l'eau.»

Tel est le début de Pas facile de voler des chevaux, le troisième roman traduit en français du Norvégien Per Petterson. Parfois, un romancier a avec ses personnages le même rapport compliqué, embrouillé, qu'on peut avoir avec sa propre existence. Le narrateur a soixante-sept ans en l'an 2000. C'est dire qu'il était un enfant, un adolescent durant la Seconde Guerre mondiale. Dans sa sobre retraite (où l'accompagnent cependant quelques romans de Dickens), il se souvient de cette période, pour diverses raisons dont l'une est qu'il vient d'identifier un de ses voisins qui était déjà un voisin à l'époque et qui a vécu une aventure épouvantable qu'on va peu à peu découvrir, de même que le narrateur sera confronté à ses propres secrets familiaux et au rôle de son père durant le conflit. L'éditeur ne donne pas, en quatrième de couverture du livre, la date de naissance de l'auteur. De sorte qu'il est permis de penser que se glissent dans le roman des éléments purement autobiographiques. La ch