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Libération
Interview

Tout d’Angot

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La parole, le pouvoir et l’amour. «Rendez-vous» avec Christine Angot.
publié le 31 août 2006 à 23h06

A peine commencée, la rentrée littéraire propose son bilan : Christine Angot est partout, dans tous les journaux, dans les Inrockuptibles comme dans le Figaro Madame. Tout le monde en parle. C’est normal. Tout le monde en reparlera dans deux mois quand elle aura le prix Goncourt. Rendez-vous est un roman d’amour palpitant, où les moyens de communication jouent un rôle crucial et parfois comique. Il n’y a plus d’abonnés absents dans les histoires d’aujourd’hui, mais des répondeurs, laissez des messages, on ne vous rappellera pas. A moins que.

Plusieurs thèmes s’entrelacent, comme toujours chez Angot. Le passé plus ou moins proche affleure, par vagues, avec ses personnages récurrents. Le devant de la scène est occupé par deux hommes, un banquier et un acteur. Il y a beaucoup de sexe dans les épisodes du banquier, avec une précision clinique qui isole chaque morceau du corps, et qui est plutôt le fait, ordinairement, des auteurs masculins parlant des femmes. Cette liaison avec le banquier, plus âgé, est l’occasion d’une étude de mœurs. Elle provoque aussi un nouvel éclairage, libérateur, sur l’inceste avec le père.

L’autre homme, le plus important, entre dans la vie de la narratrice (Christine) par amour de ce qu’elle écrit. L’écriture est l’endroit où ils se retrouvent. Il lui passe commande d’un texte dont ils sont les héros. La littérature va-t-elle démultiplier les sentiments, ou au contraire les entraver ? Le livre semble s’écrire en même temps