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Libération

Amis et les terroristes

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publié le 7 septembre 2006 à 23h12

Quand il se rase, voilà ce que pense Mohammed Atta, le chef du commando du 11 septembre, selon Martin Amis : se raser était «le pire car ça l'obligeait à contempler son propre visage. [...] Deux ans plus tôt, il avait dû dire adieu à sa barbe, après l'Afghanistan. Emmêlée, oblongue et légèrement décentrée, elle atténuait les lignes dégoûtantes de la bouche et masquait la franche animosité du menton. [...] La détestation, la détestation de tout, était sculptée sur lui, en lui. Qu'on le laisse encore marcher dans la rue, entrer dans un immeuble ou monter dans un avion, le stupéfiait.» Dans The Observer du 3 septembre, le romancier britannique publie sur huit pages un récit imaginant les derniers jours du terroriste tels que celui-ci les aurait vécus. Tout est précis et armé d'un luxe de vocabulaire descriptif ; c'est la technique de la «non fiction novel». Amis décrit non seulement un fanatique mal dans sa peau, mais également un sombre esclave de la haine de soi. «L'adultère puni par le fouet, la sodomie par l'enterrement vivant : cela semblait juste à Mohammed Atta. Il haïssait également la musique. Et les rieurs. "Pourquoi tu ne ris jamais ?" lui demandait-on parfois. Ziad aurait répondu : "Comment pouvez-vous rire quand les gens meurent en Palestine ?" Mohammed Atta ne riait jamais, non parce que les gens mouraient en Palestine, mais parce qu'il trouvait que rien n'était drôle.» La scène de l'avion, dans son genre, ne manque ni d'humour, ni de p