De Marignan, on se rappelle la date (facile, deux fois 15) et le nom de François Ier qui remporta une victoire de peu d'importance on ne sait pas où en Italie contre quelques-uns au service de quelqu'un d'autre (en fait, des Suisses à la solde du duc de Milan). De Waterloo, on connaît l'année, celle du départ de l'Empereur (un 18 et un 15) et la signification, un Waterloo justement, du moins pour les Français, bref beaucoup plus qu'une Bérézina. D'autres batailles qui ont marqué longtemps les générations restent peu de traces, même dans les livres d'histoire. La défaite des Romains face aux Goths le 9 août 378 à Andrinople dans la partie européenne de la Turquie actuelle est l'une de celles-ci, selon l'historien italien Alessandro Barbero, spécialiste d'histoire militaire, qui lui consacre le Jour des barbares. C'est paradoxal, mais il peut y avoir plus d'un anachronisme à dater précisément et donc à réinscrire dans l'histoire un événement qui, pour une raison ou une autre, en est sorti. D'abord, parce que les protagonistes n'avaient pas notre chronologie, ni notre perception de ce qui leur arrivait, ni même nos mots. N'est-ce pas tout le travail de l'historien d'insuffler du temps, le sien, dans le passé ? Paul Ricoeur ou Paul Veyne l'ont bien vu, qui ont confié, le premier, au récit, le second, à la mise en intrigue, le soin de ramener les faits, pensées et gestes du passé au présent, sinon à la vie. Mais la marge est étroite, pouvant faire basculer à tout momen
Critique
Les Huns contre les autres
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publié le 7 septembre 2006 à 23h12
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