Javier Cercas aime se mettre en scène. Dans les Soldats de Salamine, son précédent roman, il s'était décrit en journaliste et enquêteur, malheureux en amour, un peu minable. Un personnage à l'importance secondaire par rapport à d'autres comme Sanchez Mazas, théoricien phalangiste et protagoniste de la première partie, ou comme le sauveur de celui-ci, le soldat républicain, révélation de la seconde partie. Dans A la vitesse de la lumière, Cercas remet ça. Cette fois, il tient ce qu'on pourrait appeler le premier second rôle : un type presque sympathique à force de tomber dans tous les pièges que la vie lui tend. Comme la dernière fois, s'il emprunte des éléments à sa propre biographie, il en invente beaucoup d'autres et des plus importants. Toute ressemblance avec des personnes existantes... etc.
Le Cercas d'A la vitesse de la lumière quitte Barcelone à la fin de la décennie 80 du siècle dernier pour vivre deux ans aux Etats-Unis, plus exactement à Urbana, un trou perdu du Middle West. Il donne quelques cours d'espagnol à l'université locale, étudie la littérature américaine. L'idéal pour un aspirant écrivain. Le soir, après ses enseignements et ses lectures, il traîne avec des collègues dans des dîners ou dans les bars où il dispense quelques jugements imbéciles sur Pedro Almodovar ou Ernest Hemingway. L'auteur adore se donner le rôle de l'idiot de service. Quand on le connaît un peu, on se doit de dire qu' il fait preuve de beaucoup d'imagination.
Donc Ja