Le petit livre raconte sept vies, le plus gros n'en dit qu'une. Les sept vies sont les vies des autres, des vies rangées par ordre chronologique, rassemblées en quelques pages, par Michèle Desbordes, des vies concentrées, comme pétries dans un poing, pressées, des gens qui meurent en pente douce et dont la mélancolie transforme le parcours en discret destin. Artemisia Gentileschi (1593-1652), qui devint peintre comme son père dans un temps où les femmes ne s'y risquaient guère et savait accompagner les fleuves, le Tibre jusqu'à la mer. Nicolas Poussin (1594-1665), lui aussi venu vivre et mourir à Rome, «quand sa main se mit à trembler, il peignit encore. Elle trembla dit-on plus de quinze ans, et quand elle cessa de le servir il n'eût goût de rien et attendit de mourir». Giandomenico Tiepolo (1727-1804), «il était grand et de belle allure, et à le voir si bien porter perruque et habit de soie, on n'aurait pu croire qu'il était peintre de son état. Quand on l'entretenait de beauté il gardait le silence puis sans tarder devant vous reprenait le travail, des hommes, des femmes vêtus de blanc que maintenant on le voyait figurer. Il n'avait pas plus habitude de discourir de ces choses, que de celles qui ont trait à l'éternité ou la présence d'un dieu», peu à peu ses personnages s'éloignèrent vers le fond des tableaux, il ne les peignit plus que de dos, blanchit leur vêtures, et leur masques, puis se tut dans la blancheur des choses. Friedrich Hölderlin (1770-1843),
Critique
Tout Desbordes
Article réservé aux abonnés
publié le 14 septembre 2006 à 23h16
Dans la même rubrique