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Critique

Nietzsche, penser en forces

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Qu'est-ce que surmonter une antinomie? En répondant, Monique Dixsaut montre la façon unique qu'avait Nietzsche de philosopher.
publié le 21 septembre 2006 à 23h22

Si l'on avait l'envie ou le besoin de se familiariser avec l'oeuvre de Platon, on ne pourrait pas, un jour, au détour d'une lecture, ne pas rencontrer Monique Dixsaut. Philosophe et helléniste, professeur émérite à l'université de Paris-I, Monique Dixsaut compte en effet parmi les grands spécialistes internationaux de la pensée platonicienne, à laquelle elle a consacré toutes ses études critiques, ses commentaires et son travail de traduction, ainsi que les très nombreux ouvrages collectifs qu'elle a dirigés. Focalisée sur Platon, sa passion, pouvait-on penser, ne lui a autorisé que quelques excursions, en amont vers les Présocratiques, et, en aval, vers Plotin. Aussi semble-t-il de prime abord surprenant qu'elle publie aujourd'hui un cours sur Friedrich Nietzsche, extrêmement fouillé, qui, loin d'apparaître comme un détour occasionnel, témoigne au contraire d'une très longue fréquentation du philosophe allemand. Comme le prouvent les deux volumes du Contre Platon publiés jadis sous sa direction (1) Monique Dixsaut s'est de fait intéressée ­ en admettant avec Heidegger que «la métaphysique est de part en part platonisme» (2) ­ au renversement et au dépassement de la métaphysique spéculative, et donc à l'antiplatonisme, dont l'un des principaux hérauts est justement Nietzsche, qui, dans un fragment datant des années 1870-71, présente sa philosophie comme un «platonisme inversé». Il ne s'ensuit pas que Dixsaut soit passée de Platon à Niet-zsche, ni qu'elle