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Interview

Steven Carroll, la beauté du geste

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Il n'est pas nécessaire de connaître les règles du cricket pour apprécier les romans de l'Australien Steven Carroll. Rencontre à Paris.
publié le 21 septembre 2006 à 23h22

Peu de gens désormais sont intégralement ignorants en matière de football. C'est déjà moins évident avec le rugby. Mais le cricket ? Le cricket reste abscons pour une immense majorité de lecteurs et de spectateurs, de lectrices et de spectatrices tout au moins. Il est le thème dominant, il imprime son rythme, tout du long d'Un long adieu, deuxième volet de la trilogie de Steven Carroll, construite autour d'un fils unique prénommé Michael, et de la banlieue de Melbourne. L'automne dernier, nous faisions en France la connaissance de ce romancier australien délicat, avec le premier tome, De l'art de conduire sa machine. S'il était sérieusement question de locomotives, ne rien connaître à la vapeur comparée au diesel n'était pas un obstacle. Il en va de même cette fois avec le cricket. Dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'une métaphore et d'une quête d'absolu.

The Gift of Speed est le titre original d'Un long adieu. Le jeune Michael, devenu un adolescent de 16 ans en 1960, cultive le «don de la vitesse», et s'acharne avec sa balle sur la clôture de la maison. Axiome de Michael : «L'idée qu'il est possible d'accomplir une chose avec une telle précision qu'elle en devient parfaite, et que c'est la seule voie pour atteindre à la beauté, cette idée lui est familière depuis des lustres.» Vitesse, dynamique, course, fatigue, sont des mots comme des clés pour s'enfuir. Pourtant, quand le monde s'ouvrira devant Michael, la légèreté ne se trouvera pas s