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Libération
On achève bien d'imprimer

Encore beau, le Renard

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publié le 28 septembre 2006 à 23h27

Les lumières se sont rallumées, les applaudissements se sont éteints, les gens commencent à quitter la salle. Soudain, Jean-Louis Trintignant revient sur scène et, sans micro, interpelle les 700 personnes présentes dans le théâtre Jean le Bleu de Manosque : «C'était la première fois que nous présentions ce spectacle, on aimerait savoir si vous avez des suggestions à nous faire pour l'améliorer.» Comme ça, entre amis. Les spectateurs se rassoient instantanément. Trintignant et deux acolytes (Jean-Louis Bérard et Manuel Durand) viennent de dire pendant une heure des extraits du Journal (1887-1910) de Jules Renard. Aphorismes, courts dialogues, petites notes, ironie mordante, misogynie galopante. Les gens ont beaucoup ri, beaucoup applaudi. Près de 100 ans après sa mort, Renard a fait salle comble, il n'y avait plus un strapontin de libre. C'était la semaine dernière, dans le cadre du festival «Les Correspondances de Manosque».

Trintignant : «Peut-être le spectacle est-il trop long, peut-être faudrait-il quelques notes de musique entre chaque extrait ?» La salle, comme un seul homme : «Non ! Non !» Lui : «Alors, on laisse comme ça ?» Nous : «Oui ! Oui !» Lui, sourire en coin : «On n'a dit que 70 pages sur 1 000, il y aurait plein d'autres passages à citer mais vous ne comprendriez pas tout.» La salle, complice : «Hou ! Hou !» Trintignant : «Je veux dire, une phrase comme "Et l'oiseau se jeta par la