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Libération
Critique

La carte Avital Ronell

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Absolument non académique, elle a imposé la «French theory» aux Américains.
publié le 28 septembre 2006 à 23h27

On la nomme parfois la «dame en noir de la déconstruction». Parce qu'elle s'habille dans le style d'une Barbara postpunk, parce qu'elle a joué dans Derrida, le film de Kirby Dick et Amy Ziering Kofman, et, surtout, parce que, de Jacques Derrida, elle a été l'amie, sinon la représentante dans les campus américains. Mais pour avoir une image plus précise d'elle, il faudrait ajouter une pincée de Judith Butler (son amie également) ou d'Hélène Cixous, et une touche de Valerie Solanas, la «Robespierre du féminisme» selon Norman Mailer (connue aussi pour avoir voulu tuer Andy Warhol !), dont elle préfaça l'énergique SCUM Manifesto (récemment réédité en France avec une postface de Michel Houellebecq). On devinerait dès lors qu'Avital Ronell, si elle en est une des vedettes, n'est pas une figure très académique de la nouvelle scène philosophique américaine ­ au sens où on dit la scène rap ou la scène metal.

Si elle a contribué à faire pénétrer aux Etats-Unis la French theory et la pensée allemande (Nietzsche, Husserl, Heidegger) relue par Deleuze et Derrida, Lyotard, Nancy ou Lacoue-Labarthe, Avital Ronell n'a pas eu, en retour, un accueil très éclatant. Hors quelques textes publiés dans des revues (Vacarme, par exemple) ou des ouvrages collectifs, aucune de ses oeuvres n'était jusqu'ici traduite. La lacune est désormais comblée, puisque trois livres paraissent simultanément : American philo, fait d'entretiens avec la philosophe Anne D