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Libération
Critique

Despentes remontée

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Ne pas confondre féminisme et féminité : la violence karateka de Virginie Despentes.
publié le 5 octobre 2006 à 23h33

Sûr qu'à dire ainsi du bien de la môme Despentes, on va finir, étant homme, par s'exposer au soupçon de se faire sur son oeuvre une bonne conscience néoféministe. Tant pis. C'est d'ailleurs moins de féminisme que de féminité («Je crois bien qu'elle n'existe pas», annonce d'emblée l'auteur (1), qui finira par l'assimiler à «de la putasserie»), que traite King Kong Théorie. L'opus est franc comme sa jaquette où, au sommet de l'Empire State building, s'inverse le jeu de rôles et se redistribue la division du travail sexué entre le primate et la poupée ; d'une image où celle-ci tient celui-là dans sa main, on dira qu'elle est manifeste.

King Kong Théorie, avec sa violence karateka, n'est pas un roman, ni une autobiographie, ni un faux roman faussement autobiographique tel que la mode en accouche vingt par saison, dont le nombril locuteur serait le héros générique. KKT évoque plutôt un récit initiatique, juste une mise aux poings sur les plus rudes images de la vie de Virginie, vierge et putain ayant, dans la gémellité de ces deux états, empiriquement appris, puis théorisé, que la séduction «n'est un sport de haut niveau que dans très peu de cas». C'est qu'elle parle d'ailleurs : si, selon la formule fameuse de Flora Tristan (non référencée, en annexe, dans une épaisse bibliographie de genre sur les avatars de la domination féminine), la femme est «le prolétaire du prolétaire même», la femme violée, prostituée et littéralement porno