Tenant de l'autobiographie, de l'autoanalyse et de l'essai philosophique, le Traître est paru au Seuil en 1958 avec une préface de Jean-Paul Sartre. André Gorz y esquisse une théorie de l'autoproduction de l'individu dans le droit fil de l'existentialisme. Achevé avant le Traître,Fondements pour une morale est publié chez Galilée presque vingt ans après. Prolongeant le projet sartrien de fécondation du marxisme par la phénoménologie, l'ouvrage a souffert sans doute du changement de climat intellectuel. Il n'en reste pas moins que Gorz y développe avec force l'idée que le changement de la société se fera au croisement de l'autonomie individuelle et de la libération collective et non pas par le collectivisme. Entre-temps, Gorz a rejoint les éditions Galilée où il fait paraître Ecologie et politique (1975) et Ecologie et liberté, devenus immédiatement le support théorique d'une écologie anticapitaliste. Dans Adieu au prolétariat (1980), c'est la rupture d'avec le marxisme qui est consommée. Métamorphoses du travail (1988) milite pour les 35 heures alors que Misères du présent, richesse du possible (1997) constate la crise à ses yeux irréversible des rapports de production capitaliste et prône l'exode vers un monde de libre activité qu'il voit sourdre sous le cadavre du salariat. Dans l'Immatériel (2003), son dernier essai, André Gorz, décidément incorrigible, explore le potentiel de subversion, de gratuité et de lib
Du «Traître» à l'«Immatériel»
Article réservé aux abonnés
publié le 5 octobre 2006 à 23h33
Dans la même rubrique