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Libération
Critique

Confession berlinoise

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Enzensberger a réédité «Une femme à Berlin», témoignage qui fit scandale sur les viols par les troupes soviétiques en 1945.
publié le 26 octobre 2006 à 23h49

Il est des témoignages qui pèsent lourd sur la conscience. Celui d'Une femme à Berlin en fait partie. C'est pourquoi Enzensberger a décidé de rééditer il y a trois ans cette incroyable confession, publiée une première fois en 1954. Hissé au rang de best-seller, ce journal intime d'une Berlinoise avait provoqué une tempête éditoriale car un journaliste de la FAZ avait tenté de retrouver les traces de l'inconnue (voir Libération du 9 octobre 2003). Trois ans plus tard, le mystère reste entier, Enzensberger se refusant à dévoiler le nom de l'auteur, qui avait voulu rester anonyme, et qui est morte avant la réédition.

Tout ce que l'on sait d'elle, c'est qu'elle a une trentaine d'années en 1945, elle est cultivée, polyglotte (elle parle français et russe), elle a voyagé dans toute l'Europe avant la guerre; elle travaillait à Berlin dans l'édition. Dans son journal, elle parle de son dégoût des nazis, mais ne dit rien de son attitude au début du Reich. Apparemment, elle n'a pas été membre du NSDAP, le parti de Hitler, mais elle a peut-être fait partie des Mitlaüfer, les suivistes. L'intérêt de ses écrits n'est de toute façon pas politique, mais historique.

A l'origine, la diariste ne comptait nullement publier les notes griffonnées entre le 20 avril et le 22 juin 1945 dans la cave de son immeuble, entre deux bombardements, ou dans l'appartement éventré qu'elle partage avec une veuve et un autre vieux locataire au début de l'occupation soviétique. L'écriture a po