Comme Flaubert, Fred Bernard est un auteur lesbien. Voyez comme il fait parler les femmes qui parlent des hom-mes : «Elle disait qu'elle allait tout lui bouffer : les bras, le dos, les cuisses, le cul, la queue et le reste...» Elles en ont et elles ont des jeux mignons, comme le «cramer de pubis» qui se réalise, au soir et en musique, à l'aide d'un briquet et d'un pubis («jamais je n'avais vu quelqu'un se faire le maillot de cette façon»). Comme nous, Fred Bernard a mangé «de la vache qui rit dans la soupe de courgette pour plus de plaisir» et en a tiré quelques enseignements sur le monde à la mode : «Non seulement l'époque ne nous en fait pas voir de toutes les couleurs, mais elle préconise les tons discrets. Le terne pour tous.»
Mais comme il arrive à susciter l'arc-en-ciel par un noir et blanc qui danse, c'est sur un rythme ondulé que Fred Bernard narre l'histoire d'amitié de Lily et Rubis. La première est un mannequin qui écrit des chansons («Tu ne crains pas le côté Carla Bruni ?»), dont cette très jolie Réflexion du matin (2'00) : «Je m'affaire dans la chambre/ Seins nus et petite culotte de coton dans la raie des fesses/ Tu te lèves à ton tour et ton sexe me montre du doigt/ Je te fais alors remarquer que c'est vilain de montrer du sexe/ C'est comme le mettre dans son nez.» La seconde est une rockeuse qui fait de l'agit-prop avec sa «barionnette», un bas qu'elle chausse sur sa main et qui dégoise à plein tu