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Libération
Interview

Bombay mode d'emploi

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Suketu Mehta plonge dans la violence et l'humanité de la mégalopole indienne.
publié le 2 novembre 2006 à 23h55

Bombay, la ville, sera bientôt plus peuplée que l'Australie. Aujourd'hui, elle compte 22 millions d'habitants, dont deux millions qui vivent sans toilettes, dans le centre la densité atteint 400 000 personnes au kilomètre carré. Bombay, maximum city, le livre, raconte ceux qui font l'industrie du cinéma (Bollywood, la plus grosse usine à films du monde) et les réseaux politico-mafieux, aussi bien que les tracas de la classe moyenne : non, on ne peut ni brancher le gaz, ni inscrire les enfants à l'école, ni réserver de place de train, l'Inde est un pays où il faut apprendre à «négocier le non». Ce livre n'est pas seulement une incroyable enquête sur la ville et ses habitants, c'est une méditation sur les aspirations existentielles et spirituelles, sur le sexe, l'amour, la violence et la loi, c'est aussi un récit très intime. Suketu Mehta a 14 ans quand il quitte Bombay pour New York. En Amérique, il passe son temps à rêver de l'Inde. «Deux mouches jaillies de nulle part bourdonnent autour de ta tête : tu essaies de pisser et de les chasser en même temps, tu arroses tes chaussures. Tu pestes. Benchod ! (1)» Quand il revient, vingt et un ans plus tard, Bombay a changé, de nom (le parti nationaliste l'a rebaptisée Mumbai, censé être plus hindou), mais pas seulement. «Dans le Bombay où j'ai grandi, s'affirmer musulman, hindou ou catholique passait pour une excentricité personnelle, quelque chose d'assez comparable à une coupe de cheveux originale.»