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Libération

«Mémoires de porc-épic»: un Renaudot fort épique

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par Eric LORET
publié le 6 novembre 2006 à 7h00

Alain Mabanckou, Franco-Congolais de 40 ans, n'est pas un inconnu du Renaudot, puisque son précédent roman, Verre cassé, figurait déjà l'an passé sur les listes de ce prix. Il l'obtient cette année de justesse contre Michel Schneider et son Marilyn, dernières séances chez Grasset. Mémoires de porc-épic (Seuil) est la suite de Verre cassé.

Après avoir raconté le quotidien d'un bar chelou de Brazzaville, ce curieux narrateur se met cette fois dans la peau d'un porc-épic qui fut le «double nuisible» d'un mort, Kibandi. Sur le mode de la fable anthropologique au ras du sol et avec des épines, le porc-épic travaille les thèmes récurrents de Mabanckou: «La mère, le voyage, la lecture, les livres, l'enfance, les relations avec d'autres communautés, le problème de la marginalité, la question du Nègre agité, l'absence du père» (1). Avec verve et d'une voix singulière, inventive, il commente ses propres états d'âme d'autant plus aisément qu'on ne sait «qui de l'Homme ou de l'animal est vraiment une bête».

Le porc-épic devient bientôt l'instrument des mauvaises pensées de son maître et double Kibandi, en tuant les ennemis de celui-ci de deux piquants en pleine tête. Le premier meurtre donne lieu à un chapitre d'anthologie où des ethnologues («des sans-emploi dans leur pays», sans doute, pour s'occuper à pareilles futilités) viennent assister à «l'épreuve du cadavre qui d