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Libération
Interview

Dégoûts et des couleurs

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publié le 9 novembre 2006 à 0h00

Voici un ouvrage qui a mis suffisamment mal à l'aise son éditeur pour que celui-ci demande à l'auteur d'ajouter cette précision dans l'épilogue : «Le point de vue exprimé ici n'entend valoir ni pour approbation, ni pour invitation.» Non, Paul Ardenne ne vous recommande pas d'élever la roulette russe au rang de performance artistique, pas plus qu'il ne vous incite à manger des cadavres de nouveau-nés ou à vous rouler dans la merde en poussant des cris de bête. Ces quelques exemples d'oeuvres contemporaines, car c'en sont, l'auteur (docteur en histoire de l'art et maître de conférences à la faculté des arts d'Amiens) les scrute en spécialiste de l'esthétique, pas en sociologue ou en moraliste. Ce qui n'exclut pas un brin d'inquiétude.

Il arrive que la création artistique flirte avec la mort, le sexe hardcore, la profanation. Cela arrive même de plus en plus souvent. «Magnétique et médiatique, la représentation de l'extrême constitue désormais dans la société occidentale une véritable culture, un nouveau référent, un but», constate Paul Ardenne. Il s'agit donc d'analyser cette culture, et de se demander vers quoi elle nous mène. En d'autres termes : «Quel avenir en Occident pour le spectacle du pire ?» Réponses de l'auteur.

Mort, sexe violent, dégradation : l'art n'a plus de limites, dites-vous. Est-ce un phénomène récent ?

Rien de nouveau : la fascination pour l'extrémisme sous toutes ses formes est immémoriale. Qu'on se remémore la violence des mythes origin