Venise envoyé spécial
Qui est pour vous Sergio Bettini ?
Il a été mon professeur à l'université de Padoue, à la faculté de lettres et de philosophie, et j'ai fait mon mémoire de maîtrise avec lui. J'ai suivi ses cours d'esthétique et d'histoire de l'art du Moyen Age, bien que sa spécialisation fût plutôt l'histoire de l'art de l'Antiquité tardive, notamment paléochrétienne et byzantine. Les leçons de Bettini, disons-le, étaient assez ennuyeuses, puisqu'il lisait ses cours, avec de très rares commentaires. Cela donne une indication sur le sérieux du personnage. Me fascinait chez lui la conjonction entre une grande compétence scientifique, même sur des aspects très ponctuels, et la maîtrise vivante du développement complet de l'art européen occidental. Bettini a été un professeur exceptionnel, parce qu'il faisait connaître en prise directe au peu de monde qui suivait ses cours (on n'était pas encore passé à l'université de masse) les courants fondamentaux européens de la critique, de l'esthétique et de la philosophie, notamment français et allemands. Il était en relation étroite avec Julia Kristeva, qui est venue à Padoue une ou deux fois ces années-là. Il m'a fait lire les articles parus dans Critique de Derrida, alors inconnu. Il était l'ami de Deleuze...
Que représente Naissance d'une ville ?
C'est un essai philosophique sur Venise inspiré par un filon théorique plus allemand que français, et notamment par Georg Simmel, que j'ai commencé à lire avec Bettini et don