Evidemment, ça se terminera mal, dans le dépit et la rancoeur. La dernière lettre, du 27 juillet 1904, s'achève ainsi : «Sur la bisexualité ou sur d'autres sujets, il se trouve chez moi si peu de choses que je t'ai empruntées que peu de remarques me suffiront à rendre justice à ta participation. Il me faut seulement être sûr que tu es d'accord avec elles et que tu n'y trouveras pas l'occasion de me faire un nouveau reproche. Je te demande donc de me répondre là-dessus. Avec mes salutations cordiales, Sigm.» On ne sait pas si Wilhelm a répondu. Il était furieux contre son ami Sigmund : il l'accusait d'avoir été à l'origine d'une affaire de plagiat, pour avoir soufflé ses théories à l'un de ses élèves, Hermann Swoboda, lequel en aurait fait la matière d'un ouvrage et les aurait communiquées à Otto Weininger, qui les exploitera dans Sexe et caractère (1). Sigmund Freud et Wilhelm Fließ se sont connus à Vienne à l'automne 1887. Freud a ouvert un cabinet de consultation au 7 de la Rathausstraße à Vienne, et, trois après-midi par semaine, travaille comme neurologue dans une clinique pédiatrique. Il a 31 ans. De deux ans son cadet, Fließ est médecin oto-rhino-laryngologiste, fasciné par les problèmes de biologie générale, et exerce à Berlin. C'est une personnalité brillante, de celles qui, écrira Kurt R. Eissler, «sans être géniales, donnent pourtant une impression de génialité». Le lien entre Freud et Fließ est immédiat : né de l'estime professionnelle («tr
Critique
Freud et son Fliess maudit
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par Robert Maggiori
publié le 16 novembre 2006 à 0h06
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