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Libération

Jeu de dames

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Le 30 octobre, les douze jurées décernaient leur prix littéraire. Une demi-heure après, l'une d'elles se voyait exclure avec fracas de ce cercle fermé, qui vit au rythme des passions intellectuelles et des alliances de pouvoir.
publié le 20 novembre 2006 à 0h09

Elles ne sont pas tombées de la dernière pluie. Voilà un quart de siècle pour certaines, une décennie pour d'autres, qu'elles siègent au Femina. La petite dernière ou presque, Chantal Thomas, 61 ans, les a rejointes il y a trois ans. La doyenne, Benoîte Groult, porte vif ses 86 ans.

De sa vie d'écrivain, cette dernière n'a reçu qu'une distinction : le prix Bretagne. «Je savais que je n'aurai jamais de prix réputés parce que mon mari, Paul Guimard, était à l'Interallié. Me récompenser aurait eu l'air d'une magouille.» Elle qui avait la reconnaissance des ventes (1 million d'exemplaires pour Ainsi soit-elle, et, depuis lors, un régime de croisière à faire se damner un éditeur) s'est consolée comme juré en distinguant des auteurs. «Propulser, ça c'est une sensation de puissance.»

Cet aspect-là n'avait pas sauté aux yeux de Madeleine Chapsal. La première fois que les dames du Femina ont voulu la coopter, elle a refusé. Trouvant que ce n'était «pas très sexy». Certes, elle venait de se faire virer de l'Express par le nouveau patron, Jimmy Goldsmith, sans hommage pour ses interviews de grands écrivains de l'époque, mais de là à rejoindre une institution qui sentait la naphtaline, non ! Le chômage s'installant, les ouvrages livrés par les services de presse des maisons d'édition n'arrivant plus, Madeleine Chapsal a révisé son jugement et est allée toquer à la porte des dames. Heureuse d'entrer au club.

D'autres sont venues renouveler le cer