Au début de l'histoire, Vorobiov, un garçon qui doit avoir dans les vingt-cinq ans, apparaît comme un glandeur égoïste, cynique, désabusé et menteur. Quand on le quitte, à la fin, il aura menti presque jusqu'au bout, mais aura été entraîné, et nous avec lui, dans des histoires très compliquées où, malgré l'argent, la corruption, la violence, l'alcool et les coups fourrés, il aura surtout été question de loyauté, de compassion, de tolérance, d'amitié, d'amour. Ce qui prouve bien que la rédemption ou, plus modestement, l'amélioration, est possible pour chacun d'entre nous, humains, quelles que soient nos faiblesses et nos défaillances. Vorobiov, donc, est un menteur, il ment aux autres, parce que ça lui facilite la vie, avant que ça finisse par la lui compliquer énormément. Mais il ne se ment pas à lui-même, ou plutôt, il y renonce assez vite. Une qualité qu'on ne peut lui ôter, c'est la lucidité sur lui-même, l'humour aussi, ça va parfois ensemble.
L'histoire se passe à la fin du XXe siècle en Russie, il y a quelques années donc, il y avait déjà beaucoup de nouveaux pauvres et de «nouveaux Russes», ce qui signifie nouveaux riches. Tout commence boulevard Gogol, par une journée glaciale, c'est le printemps à Moscou. Sur un banc, Vorobiov rencontre une vieille de bien 30 ans, qui lui offre 50 dollars, oui, dollars, pour passer un moment avec elle. Jolie, habillée en Nina Ricci. «Un peu plus jeune, c'est toujours mieux, mais celle-là n'était pas mal... L'âge ici n'était pas un