Un éléphant se promène dans les rues du Havre. A son bord, le Sultan des Indes, ses enjôleuses concubines, un reporter en inusable pied-de-poule et casquette Sherlock, un eunuque, un capitaine, et l'indispensable ingénieur... la musique live ou sono Bollywood techno suit. C'est le Royal de Luxe qui vient boucler sa tournée démarrée en 2005, en hommage à Jules Verne, avec la Visite du Sultan des Indes dans la ville où, treize ans plus tôt, un de ses Géants tombait du ciel. «J'ai une histoire avec certaines villes, je leur propose un rêve qui peut durer plusieurs années», résume Jean-Luc Courcoult, le concepteur des spectacles surdimensionnés. Et c'est vrai que les gens, du bébé hébété aux plus vieux, en passant par les ados ébouriffés juchés sur Abribus et cabines téléphoniques, ont en effet l'air de rêver. Apercevoir la formidable silhouette en bois (50 tonnes, 12 mètres de haut) déboucher dans les rues rectilignes, se découper sur fond d'immeubles, ou longer le front de mer, crée une émotion visuelle assez inoubliable. C'est à partir d'images que l'homme de théâtre conçoit ses spectacles depuis plus de vingt-cinq ans maintenant, et à partir d'images aussi qu'il a écrit son premier livre, pour enfants et plus grands, joliment édité (MeMo, voir ci-contre) et pareillement illustré (par Quentin Faucompré).
Dans cette histoire (1900-2005), on apprend qu'«une petite fille de bois précieux» hante, chaque nuit, les rêves dudit Sultan et lui pourri