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Libération

Ça se passe comme Sade

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publié le 23 novembre 2006 à 0h11

A l'ethnologue accouru de province, la remise du prix Sade a permis de se pencher, vendredi soir dernier, sur une facette peu documentée de la «vie littéraire» parisienne. Comme son nom l'indique, le prix Sade ne récompense pas des contes pour enfants, et l'ambiance était à l'avenant.

L'événement avait lieu à la galerie de l'éditeur Léo Scheer, rue de Verneuil, qui n'est pas un des coins les plus misérables de Paris. Il fallait, pour entrer, se baisser un peu : une corde violette barrait l'accès. Corde attachée par un solide noeud coulant au cou de deux jeunes femmes masquées d'un loup noir, qui se tenaient de part et d'autre de l'entrée. L'accueil évoquait moins un retour de la peine capitale que les plaisirs troubles de l'asphyxiophilie. Passé ce premier stade de soumission, on pouvait aller rejoindre un groupe de quelques dizaines d'invités, d'où émergeaient quelques têtes connues de l'édition et de la presse. Deux jolis garçons se tenant par la main virevoltaient au milieu de tout cela, distribuant sur des plateaux les munitions habituelles des cocktails. Bizarrement, leurs bras étaient enduits de Mercurochrome des doigts jusqu'au coude : déjà blessés ?

Bientôt une jeune Japonaise en sous-vêtements de coton blanc se mit à ramper parmi cette faune blasée, en prenant des poses authentiquement lascives. Détail remarquable : à un endroit stratégique de la culotte de l'intéressée se dessinait un rond rouge. Evocation du drapeau du Soleil-Levant, ou accident menstruel ? L'artist