Le drame se déroule à Florence, un dimanche d'avril 1478. Ce jour-là, pendant qu'une troupe de mercenaires secrètement armés se prépare, trois hommes tentent d'assassiner Laurent le Magnifique alors qu'il assistait à la messe dans le Duomo. L'échec de cette conjuration est total. Lauro Martines, grand spécialiste américain de la Renaissance italienne, utilise cet événement, qu'il relate en détail, pour décrypter ce que sont la politique et l'exercice du pouvoir dans cette cité si particulière qu'est la Florence du Quattrocento, celle de Machiavel autant que de Botticelli et de Michel-Ange.
Les commanditaires du complot sont une des plus grandes familles de Florence, les Pazzi, dont les ressemblances avec les Médicis sont frappantes. Comme ces derniers, ils doivent leur fortune à la banque, et les deux familles sont de très loin les plus gros prêteurs de l'Etat florentin. Ce sont elles également qui possèdent le plus gros réseau de relations, dans la ville comme à l'étranger, et qui sont le plus à même de poursuivre des politiques matrimoniales avantageuses. Les deux clans sont d'ailleurs alliés, puisque la soeur aînée de Laurent de Médicis a épousé un Pazzi en 1459. La proximité est aussi physique, car la Florence médiévale est un espace réduit : on s'y croise fréquemment dans les rues et sur ses nombreuses places. Des relations ambiguës s'instaurent où l'on peut déjeuner ensemble et faire en même temps courir des rumeurs et des bruits calomnieux sur le clan adverse. C